La forêt nourricière : un écosystème comestible pour l’avenir

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus passer à côté : le jardin (boisé) comestible est dans l’air du temps. Nous le remarquons notamment dans le besoin croissant de plantations portant des fruits comestibles, que ce soit dans des jardins privés ou des espaces publics. Le besoin de connexion entre l’homme, la nature et la verdure comestible semble plus fort que jamais. Mais quel est le secret derrière la popularité croissante des forêts alimentaires et qu'est-ce qu'une forêt alimentaire exactement? Dans ce blog, nous abordons ces questions et en disons plus sur l'histoire des forêts alimentaires.
Qu’est-ce qu’une forêt nourricière?
Une forêt nourricière, également appelée un jardin boisé comestible, consiste en un agro-écosystème diversifié et multicouche, conçu par l’homme pour imiter la structure et les fonctions d’une forêt naturelle, dont les principes écologiques sont ainsi mis à profit. On plante le plus grand nombre possible d’arbres, d’arbustes, de plantes grimpantes, de plantes herbacées et de racines les uns près des autres - comestibles pour l’homme ou qui, indirectement, soutiennent la forêt nourricière.
Toutes ces plantes sont complémentaires et s’aident mutuellement à pousser, formant ainsi un écosystème à petite échelle, capable de s’entretenir et de fonctionner sans apports extérieurs, tels que du fumier et des pesticides. Les plantes d’une forêt nourricière se composent généralement de différentes variétés. En fonction de l’objectif de la forêt nourricière, les parties où une seule et unique espèce pousse sont relativement rares. En effet, une grande diversité d’espèces est garante d’un écosystème sain(1).
Dans un contexte plus large, la permaculture représente la philosophie et la méthodologie globales (système de conception) qui sous-tendent l’agroforesterie et les forêts nourricières. La permaculture ne concerne pas seulement la production alimentaire, mais également la gestion de l’eau, le logement, l’énergie, les structures sociales, entre autres, et applique à cet égard les principes éthiques de la protection de la terre, de l’entraide et du partage. L’agroforesterie est une technique agricole qui associe des arbres et des arbustes à des cultures et/ou du bétail. Cela peut relever de la permaculture si les principes sont respectés, mais c’est également envisageable dans l’agriculture moderne à grande échelle. Une forêt nourricière peut être considérée comme une forme d’agroforesterie, avec une composante écologique encore plus marquée. Mais elles cherchent toutes deux à exploiter des processus écologiques tels que l’ombrage, l’amendement des sols et la biodiversité. Différentes cultures et plantes sont combinées afin de créer des habitats naturels.
L’histoire de la forêt nourricière
Le concept de forêt nourricière n’est pas nouveau, bien au contraire : les forêts nourricières sont, selon toute probabilité, la plus ancienne forme d’agriculture au monde. Des vestiges ancestraux de la foresterie nourricière ont été découverts au Maroc, au Mexique et en Indonésie. En Occident, cette méthode de culture respectueuse de l’environnement a été reléguée aux oubliettes au cours des 100 dernières années, en raison de l’essor de l’agriculture moderne et de ses technologies.
Dans divers endroits du monde, cependant, la forêt nourricière a toujours conservé un rôle central les forêts nourricières y sont également connues sous le nom de jardins domestiques parce qu’elles sont implantées autour de la maison. Les chercheurs qualifient ces jardins de systèmes multistrates : des systèmes qui s’inspirent de forêts naturelles, avec de multiples couches de plantation qui fixent le carbone. Surtout en Asie tropicale et en Afrique, en Amérique centrale et dans les régions tempérées et subtropicales de la Chine, on trouve des milliers de kilomètres de jardins de ce type (2).
Dans les années 1980, Robert Hart, pionnier anglais des forêts nourricières, a créé un jardin comestible de 500 mètres carrés dans un climat tempéré, dans le Shropshire, en Angleterre. Il a servi de source d’inspiration pour beaucoup et a été un des précurseurs du mouvement actuel des forêts nourricières. À partir de 2020, la forêt nourricière suscite également de l’intérêt en Belgique et aux Pays-Bas (2).
Le terme de forest gardening, c’est-à-dire de jardinage forestier, a été inventé par le même Robert Hart dans les années 1980. Il a expérimenté de nombreuses plantes et d’innombrables arbres et arbustes comestibles dans son propre jardin et a ainsi conçu une des premières forêts nourricières de Grande-Bretagne (2). Le concept de ‘forêt nourricière’ est souvent associé à quelque chose de très grand, mais les forêts nourricières existent dans toutes sortes de tailles : d’un jardin arrière privé aux espaces publics d’une ville, en passant par des champs vides dans des environnements paysagers. Bien qu’une forêt nourricière doive avoir une certaine échelle pour pouvoir être un système autorégulé, de plus petites superficies peuvent également apporter une contribution à des services écosystémiques tels que la nourriture pour l’homme, les animaux et les insectes, la rétention d’eau, l’amendement des sols, la fixation d’azote et la protection contre le vent. Bien entendu, la fonction éducative de plantations comestibles est également très importante.
Les avantages de la forêt nourricière - et pourquoi est-elle si pertinente aujourd'hui?
Une forêt nourricière apporte une contribution importante à la restauration de la nature et joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique, explique Natasja Oerlemans, experte en alimentation et en agriculture. La forêt nourricière aide à retenir le CO2, assure une vie du sol saine - notamment grâce aux plantes fixatrices d’azote et aux plantes qui se concentrent sur la récupération de nutriments dans les couches plus profondes du sol - et résiste mieux aux conditions climatiques extrêmes (2). En cas de fortes pluies, la forêt nourricière agit comme une éponge ; en cas de sécheresse prolongée, elle retient l’eau. Les qualités d’adaptation au climat de la forêt nourricière semblent très prometteuses pour l’avenir.
Pour pouvoir formuler des déclarations encore mieux étayées à cet égard, cette forme d’agriculture respectueuse de la nature fait l’objet de nombreuses expérimentations. De parcs accessibles au public dans les villes très denses à des champs dans des zones rurales, en passant par des jardins de toit comestibles jusqu’à la culture d’aliments dans son propre jardin arrière, les possibilités sont légion. L’Université de Wageningen (WUR) aux Pays-Bas, par exemple, est en train de créer sa propre forêt nourricière sur un hectare de terrain sur son propre site, afin d’étudier d’encore plus près les effets positifs de la foresterie alimentaire, également à plus long terme.
Créer une forêt nourricière et l’importance d’un concept de qualité
Les éléments clés d’une forêt nourricière bien conçue résident dans une structure stratifiée. Cela se traduit par un concept et une plantation subséquente qui se compose non seulement d’arbres de grande taille et plus petits et d’arbustes, mais également de plantes grimpantes, de plantes vertes annuelles, de plantes couvre-sols rampantes, d’une couche d’herbes aromatiques et de bulbes de fleurs.
Une forêt alimentaire étant conçue comme une polyculture, les maladies et les parasites risquent moins de se propager en masse et d’affecter la récolte (3). Un concept de qualité permet d’abriter de nombreuses espèces animales. Selon monsieur Van Eck, les forêts nourricières fonctionnent souvent avec un ‘plafond de verre’ en termes de gestion des nuisibles : la nature elle-même intervient lorsque la pression des nuisibles sur une zone déterminée s’accroît. Les ennemis naturels de la nuisance en question sont - grâce à un concept judicieux - automatiquement attirés vers la forêt nourricière. Attendre patiemment est le plus grand défi à relever à ce propos.
Une forêt nourricière bien conçue forme un système qui fonctionne en autarcie et peut fournir une variété de fruits, de légumes, de noix, d’herbes, de champignons et bien plus encore, tout en favorisant la biodiversité, en rendant le sol plus sain et l’ensemble plus résistant aux influences extérieures. Il s’agit d’une approche durable et régénératrice de la production alimentaire : un mode de vie que l’on qualifie de ‘nouveau’, même si, en fait, il remonte très loin dans le temps.
L’ensemble des plantes forme donc un mini-écosystème complet. Elles ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre. Les arbres jouent également un rôle essentiel dans ce tableau. Vous êtes curieux de savoir quels arbres pourraient être utiles dans une forêt nourricière ? Cliquez sur ce filtre et explorez les possibilités de notre TreeEbb.
Quellen
1. Jaeger, De. L. (2023). Ontwerp je eigen voedselbos. Sterck en De Vreese.
2. Crawford, M. (2018). Praktisch handboek voedselbossen: ontwerp, aanleg en onderhoud van een eetbare bostuin. Schildpad Boeken.
3. Wouter van Eck (2024). Basiscursus voedselbossen. Groesbeek.